J’ai toujours eu un petit faible pour les voitures dites « première main ». Celles qui ont vécu sous le regard bienveillant d’un seul propriétaire, qui ont été bichonnées, entretenues au fil des ans sans excès, mais avec sérieux. Alors forcément, quand on tombe sur une voiture à vendre pour cause de décès, ça suscite autant de prudence que d’intérêt. Et c’est bien normal.
J’ai moi-même aidé un voisin, il y a quelques années, à revendre la Renault Mégane de son frère décédé. Une berline impeccable, pas un accroc, carnet d’entretien tamponné à la lettre… mais une vente pas si simple à gérer, ni pour lui, ni pour l’acheteur. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je vous propose un guide pratique, humain et sans langue de bois, pour aborder ce genre d’achat sans stress et en toute clarté.
Pourquoi s’intéresser à une voiture vendue après un décès ?
Il y a dans ces ventes un potentiel d’opportunité que beaucoup ignorent. Et pourtant, dans 8 cas sur 10, on est face à :
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un véhicule bien entretenu,
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à faible kilométrage,
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avec un historique limpide.
Les héritiers, souvent peu concernés par la voiture en question, cherchent simplement à la céder au plus vite. Ils ne veulent ni la garder, ni s’embêter à la surcoter. Et ça, pour un acheteur averti, ça peut faire la différence.
Mais attention, ce n’est pas une bonne affaire garantie. Il y a des points à vérifier, des émotions à respecter, des papiers à ne pas bâcler. Et c’est là que j’entre en scène pour vous guider.

Ce qu’il faut comprendre avant d’acheter
Quand une personne décède, le véhicule fait partie de sa succession. Il est donc gelé, sur le plan juridique, jusqu’à ce que les démarches successorales soient entamées. Et croyez-moi, j’ai vu plus d’un acheteur se retrouver bloqué parce qu’il avait payé la voiture avant que tout soit régularisé.
Alors voici le point essentiel : on ne peut pas vendre une voiture « légalement » tant que les héritiers ne sont pas en mesure de prouver leur qualité d’héritiers. Il faudra attendre un certificat d’hérédité, un acte notarié, ou au minimum un certificat de décès accompagné d’un justificatif de lien de parenté.
Mais pas de panique : si les vendeurs sont bien conseillés (et souvent c’est le notaire qui s’en occupe), tout peut être carré en quelques semaines.
Où chercher ce genre de véhicule ?
Je vous parle d’expérience : les meilleures affaires ne se trouvent pas toujours là où on les attend. Voici les endroits que je vous recommande si vous cherchez une voiture suite à un décès :
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Le Bon Coin, avec la mention « cause décès » ou « succession » dans la barre de recherche.
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Par bouche-à-oreille, notamment dans les petites villes ou les villages (oui, parfois le garagiste du coin sait qu’une Clio bien entretenue est en train d’être mise en vente…).
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Les sites d’annonces locales comme Trovit ou ParuVendu, où les particuliers postent sans forcément passer par un pro.
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Les enchères notariales, mais là attention, c’est un autre monde, avec des règles bien spécifiques.
Et bien sûr, n’oubliez pas les garages, comme le mien : parfois, on nous dépose une voiture à vendre pour le compte d’une famille, et c’est souvent du solide.

Étapes pour acheter une voiture de succession
Je vais vous donner ici la checklist que j’utilise personnellement quand je conseille un client dans ce cas de figure :
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Identifier clairement les héritiers : s’ils sont plusieurs, tous doivent être d’accord pour vendre. Demandez une attestation de succession ou un acte notarié.
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Vérifier que la carte grise est au nom du défunt. C’est impératif pour que la préfecture accepte le transfert.
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Demander le certificat de non-gage, qui prouve que le véhicule n’est pas saisi ou en leasing.
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Exiger un contrôle technique valide si le véhicule a plus de 4 ans (moins de 6 mois).
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Faire remplir un certificat de cession avec tous les héritiers ou leur représentant.
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Prévoir un justificatif de décès, pour prouver que la vente est bien liée à une succession.
Et enfin : ne pas payer tant que tout n’est pas limpide sur le plan administratif. Même si l’offre est belle, un petit doute peut vite tourner au casse-tête.

Précautions à prendre pour éviter les mauvaises surprises
Il m’est arrivé, une fois, de croiser un acheteur dépité. Il avait acheté une 206 essence dans une brocante auto, pour cause de décès, sans vérifier l’embrayage. Résultat : 800 euros de frais dans les trois semaines. Voilà pourquoi il ne faut jamais se précipiter.
Voici mes conseils concrets :
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Faites un tour complet du véhicule : intérieur, extérieur, moteur tournant. Observez, écoutez, sentez (les odeurs d’huile brûlée, ça ne trompe pas).
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Vérifiez les papiers d’entretien : un carnet vierge ou des factures absentes, ça doit vous alerter.
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Posez des questions simples aux héritiers : « Elle dormait dedans ou dehors ? », « C’était son véhicule principal ? », « Il y a eu des réparations importantes ces dernières années ? »
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Si vous avez le moindre doute : faites inspecter la voiture par un professionnel. Chez moi, c’est 50 euros pour une inspection avant achat. Croyez-moi, ça les vaut.
Et enfin, un conseil un peu plus humain : n’oubliez pas que pour la personne en face, c’est parfois une vente émotionnelle. Évitez les blagues déplacées, soyez respectueux. Un peu d’empathie fait toujours du bien, surtout dans ces moments-là.
Les avantages à ne pas négliger
Acheter un véhicule première main, de succession, c’est souvent :
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moins de kilomètres au compteur (surtout si le propriétaire roulait peu ces dernières années),
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une conduite plus douce, sans excès,
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un historique clair (un seul nom sur la carte grise),
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et un tarif souvent raisonnable, voire en dessous du marché.
Il m’est arrivé d’acheter, pour un ami, une Toyota Yaris de 8 ans avec seulement 38 000 km. Elle appartenait à une dame de 85 ans, décédée quelques mois auparavant. Carnet d’entretien à jour chez le concessionnaire, pneus quasi neufs, peinture d’origine… Une vraie perle. Et le prix ? 1 500 € de moins que l’argus. Je vous laisse imaginer le sourire de mon pote quand il a pris le volant.

Qu’en est-il de l’assurance et des frais ?
C’est un aspect qu’on néglige souvent, mais qui mérite qu’on s’y attarde.
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L’assurance, en général, n’a pas de surcharge parce que la voiture vient d’une succession. Ce qui compte, c’est l’état du véhicule, sa puissance, sa valeur.
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Les taxes d’immatriculation sont les mêmes que pour n’importe quelle voiture d’occasion.
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La garantie constructeur ? Elle peut être transférée au nouveau propriétaire si la voiture est encore couverte, mais il faut en faire la demande.
Et pour ceux qui aiment les chiffres : une voiture de succession peut se revendre facilement plus tard, car la mention « première main – faible kilométrage – historique clair » est toujours un plus à la revente.
Et si vous changez d’avis après l’achat ?
C’est rare, mais ça peut arriver. On achète sur un coup de cœur, puis on se rend compte que la voiture n’est pas adaptée, ou qu’un défaut se révèle. Sachez qu’il n’existe pas de droit de rétractation entre particuliers. C’est pour ça que toutes les vérifications doivent être faites avant.
Mais si vous avez respecté les étapes, demandé les bons documents et testé la voiture correctement, vous limitez largement les risques.
Une dernière réflexion personnelle
Quand je vois passer une annonce avec la mention « cause décès », je ressens toujours une forme de respect. Derrière cette voiture, il y a une vie, des souvenirs, parfois des milliers de kilomètres de vacances, de trajets quotidiens, de routines familiales.
C’est peut-être un détail pour certains, mais moi, j’y attache de l’importance. C’est aussi pour ça que je vous invite à ne pas voir uniquement le bon plan, mais aussi la transmission d’un objet chargé de vécu.
Et si vous faites affaire, eh bien faites-le bien : entretien rigoureux, usage réfléchi, et pourquoi pas, un petit mot à la famille pour les remercier. C’est pas obligatoire, mais ça touche toujours.
FAQ – Vos questions, mes réponses
Peut-on acheter une voiture sans passer par le notaire ?
Oui, à condition que les héritiers soient identifiés et puissent fournir les bons justificatifs : certificat de décès, attestation d’hérédité, carte grise, etc. Mais si le défunt avait des biens importants, le notaire reste souvent impliqué.
Est-il possible de négocier le prix ?
Bien sûr. Mais gardez en tête que c’est parfois une situation délicate pour les vendeurs. Si vous sentez qu’il y a de la tristesse, soyez respectueux. Un bon prix, ça se mérite aussi par l’attitude.
Peut-on faire confiance aux annonces « cause décès » sur les plateformes ?
Comme pour tout achat en ligne, la prudence s’impose. Appelez, posez des questions, vérifiez les papiers, et ne versez rien tant que vous n’avez pas vu la voiture. Une annonce sérieuse se reconnaît aux détails.
Est-ce qu’on peut assurer la voiture avant même qu’elle soit à notre nom ?
Oui. L’assureur peut mettre une « assurance provisoire » en place, le temps que la carte grise soit transférée. C’est même recommandé si vous repartez avec le véhicule.
Et si la voiture a été arrêtée longtemps ?
Demandez quand a eu lieu le dernier démarrage. Une voiture qui dort trop longtemps peut avoir des soucis de batterie, de pneus déformés ou de freins grippés. Rien d’insurmontable, mais mieux vaut le savoir.
J’espère que ce guide vous aura aidé à y voir plus clair. Acheter une voiture après un décès, ce n’est pas anodin, mais avec un peu de méthode, de bon sens et d’humanité, c’est souvent une belle affaire… et une belle continuité.
Et si vous êtes passé par là récemment, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire sur Dinatel.fr. Vos retours, vos anecdotes, vos bons plans : ça aide toujours les autres.
À bientôt sur la route ou sous un capot.
